QUEL EST L'OBJET D'UNE PHILO-ANALYSE ?

Nous appelons philo-analyse la méthode d’élucidation des questionnements de l’être qui engage le déployer de la réalité du verbe autrement dit le logos qui est à la fois parole de rationalité et rationalité du réel lui-même. Il s’agit là de permettre à celui qui entend s’y engager de comprendre ce qui se passe et plus précisément de saisir pourquoi certaines choses justement ne passent pas ou ont tant de mal à être portées et supportées.

Cela signifie que par le biais d’un dialogue en profondeur qui saisit dans la durée les articulations conscientes et inconscientes du mouvement réel du vivre, l’on rend possible le difficile acheminement de chacun à lui-même par l’amorce d’un venir à bout de son mal-être.

L’enfermement dans la complexité du quantitatif d’un devenir hors nature fondé à partir d’une radicale coupure de continuité avec celle-ci …

L’éloignement des êtres humains entre eux et vis-à-vis d’eux-mêmes dans le marché mondial du narcissisme et de l’autisme de la marchandise qui suscite une gamme interminable de mirages aux couleurs séductrices par lesquelles se signalent les vastes contrées du fallacieux partout établi.

L’emprisonnement dans une domestication liée à l’abandon de toute naturalité, à un dé-tournement dans l’aliénation des dominations sociales du temps-marchandise là où l’être n’est plus que la simple carcasse de la propre perte de soi…

La séquestration dans un monde de vaine diversion et de fausse connaissance qui vise principalement la justification du tortueux devenir qui le fonde…

Dans le prolongement logique des premiers dialogues philosophiques nés en Grèce antique tels qu’ils surent mettre en évidence que pour saisir le sens radical de l’être, il convient préalablement de parvenir à la conscience du temps historique, la philo-analyse expose que le raisonnement sur le mal-être est, inséparablement, raisonnement sur l’être mais surtout sur les raisons de l’oubli de l’être, de ses dis-tractions, de son égarement, de sa corruption et de son manque.

La philo-analyse se propose d’aider celui qui le décide, à saisir l’essence de ce qui le fait homme de véridique conscience possible en partant de la vérité historique des forces productives de son être social concret. Cette démarche s’articule en deux temps, d’une part, la question de la signification de l’existence et, d’autre part, celle des conditions d’une manifestation de la vérité, notamment au travers du langage du sens et des sens en qui il convient de voir un accès privilégié à l’essence de l’être lui-même.

La nature du quotidien se caractérise par des conduites systématiquement in-authentiques qui occultent la vie réelle en la précipitant dans la vacuité absolue d’un monde d’images dont les lois de la technique et de l’argent constituent la plus parfaite expression. Même s’il n’ose en convenir, l'homme actuel découvre alors, par l'expérience de l'inquiétude et du tourment, que le néant est bien maintenant le fondement historique omni-présent de tout ce qui relie l’être à lui-même.

La philo-analyse fait ici ressortir qu’à l’abondance des possessions de produits aliénants correspond immanquablement et constamment l’abondance aliénée de la dépossession humaine. Elle montre que la position de la conscience véritable ne peut accepter le replier sur soi-même comme stérilité enclose particulière mais doit tendre vers l’ouverture universelle au cosmos.

Le cosmos qui en grec ancien désigne à la fois l’univers, l’ordre, la beauté, l’éclosion et le rationnel équivaut à la totalité logique de ce par quoi se pose et se compose la vie. Il signifie le logos de réalité pleinement vécu, pensé, réalisé et éprouvé en vrai plaisir comme essence de l’homme lui-même.

La philo-analyse souligne ainsi que le concret suprême dans l'homme, c'est sa transcendance par rapport à lui-même, c'est à dire la nécessaire exigence affirmée d'un retour permanent vers l’être naturel des besoins réels qui restera toujours réfractaire à l'ordre de la domination des galeries marchandes qui asphyxient les saveurs de l’âme.

Advenir à soi, c’est parvenir à un mode d’exister où la jouissance de l’être est possible et effective grâce à une mise en continuité avec tout le processus cosmique de la vie qui conditionne la biologie historique des passions. C’est cela seul qui permet d’émanciper l’être des bases matérielles de la vérité inversée et occultée par le voile des mensonges de l’in-conscience sociale d’un monde où tout étant devenu échangeable, tout est donc désormais manifestement étranger à l’essence du sens.